Journal du 14 au 28 janvier 1917 - En permission en famille à Lyon

Publié le 28 Janvier 2017

Dimanche 14 janvier 1917

Manœuvre. Le soir, le Bataillon regagne Badon-Villers1 par un chemin de terre. Beaucoup de neige, bise. Marche pénible.

Lundi 15 janvier 1917

Je tombe de garde : ma première garde comme sergent. Un ordre du Colonel me renvoie en permission, celle de fin de cours m’ayant été accordée à titre exceptionnel.

Mardi 16 janvier 1917

Je m’embarque à deux heures du matin à Gondrecourt pendant que le Bataillon prend les wagons aménagés, à destination de l’Oise.

Coucher à Bellegarde2, le train me dépose à dix-neuf heures.

Mercredi 17 janvier 1917

Thonon-les-Bains.

 
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Jeudi 18 janvier 1917

Lyon. Surprise de maman. Je retrouve Jean3 à la maison… Pauvre Maman, si elle savait ce qui m’attend à la fin de ma permission…

Samedi 20 janvier 1917

Emmanuel vient pour quarante huit heures.

Mardi 23 janvier 1917

Départ de Jean. Fête de maman.

Jeudi 25 janvier 1917

Il me faut repartir encore aujourd’hui. Mais je serai fort : à la grâce de Dieu ! J’ai confiance qu’il continuera à me protéger.

XI. A travers l’Oise et la Somme

Vendredi 26 janvier 1917

J’ai quitté Lyon hier à dix heures. Maman et les petites m’ont accompagné à la gare… Que c’est dur de se séparer des siens !

J’ai passé par Paris. Seul, je ne m’y suis pas arrêté : j’ai filé directement sur la gare régulatrice de Crépy-en-Valois4, où l’on nous a parqués, cinq heures durant, jusqu’au départ du train pour Montdidier5.

 
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Samedi 27 janvier 1917

Nous avons mis huit heures pour aller de Crépy-en-Valois à Montdidier. Il fait un froid de loup. J’ai attendu le jour avec impatience.

Mon Bataillon est à six kilomètres, à Lignières ; mais j’ai dû aller chercher mon sac déposé au T.C. du Régiment, à Courtemanche6 ; je ne fais mon entrée à Lignières qu’à une heure de l’après-midi.

Dimanche 28 janvier 1917

Lignières. Froid de Loup. Le secteur paraît calme. Voici retrouvés les maisons basses, en torchis, sales et délabrées de la Somme et leurs habitants un peu sauvages.

Je n’ai pas encore de demi-section ; je passe provisoirement à mon ancienne section, la 3e.

Messe et Communion.

Guynemer7, la veille de mon arrivée, a abattu à Lignières son vingt-huitième avion.

 

1Badonviller est une commune de Meurthe-et-Moselle

2Bellegarde est une commune de l'Ain

3Frère de Frédéric B.

4Crépy-en-Valois est une commune de l'Oise

5Montdidier est une commune de la Somme

6Courtemanche est une commune de la Somme

7As (pilote) français de la Première Guerre mondiale

Rédigé par Frédéric B.

Publié dans #Journal

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