Journal du 29 janvier au 18 février 1917 - Retour au front...

Publié le 18 Février 2017

Lundi 29 janvier 1917

Nous montons cet après-midi en ligne, la 3e Compagnie en réserve de sous secteur, dans la Place de Provence.

Nous sommes dans notre secteur d’attaque.

Mardi 30 janvier 1917

La Place de Provence est un ensemble de boyaux et d’abris situés à cheval sur deux grands boyaux, à un kilomètre des lignes. Bons abris.

J’avais été affecté à la 3e section avec l’adjudant ; mais le sergent Clerc, de la 2e, allant se reposer au D.D., je prends sa place à la 4e demi-section, Lieutenant Barles.

Travail de jour. Le secteur1 est calme. Pour nous, pas un obus. Le 2e Bataillon, qui se trouve en ligne, sur la droite du Régiment, reçoit des torpilles.

Le Capitaine Fabre m’a fort bien accueilli : à moi de mériter sa confiance.

Il fait un froid terrible.

Les permissionnaires apportent tous forces détails sur le manque de charbon et de sucre à l’intérieur.


 

Février 1917

Lundi 5 février 1917

Le 30e vient de prendre la place du 2e Bataillon et la nôtre. Le 1er Bataillon monte en ligne plus sur la gauche, devant Armancourt2. La troisième Compagnie va, en réserve, derrière Marquivillers3, aux tranchées de la cote 101.

Mercredi 7 février 1917

Travail de nuit, tranchée de Granville. La Compagnie fournit cinquante travailleurs encadrés pour la construction d’un boyau menant de la première à la deuxième ligne. La terre, profondément gelée, ne permet pas l’avancement rapide du travail.

Vendredi 9 février 1917

Encore une fois je change de section : je passe à la 2e demi-section.

Deux tués hier : un aspirant, à la 6e, par un 88 ; un homme de liaison, à la 1e, atteint par une de nos sentinelles. On les a enterrés aujourd’hui. J’étais de piquet. M. Danger a dit les dernières prières.

J’ai pu communier.

Dimanche 11 février 1917

Nous avons eu la Sainte Messe dans la pauvre Chapelle qui a remplacé l’église du village démolie. Le Colonel du 99e, quelques poilus. Nous avons chanté le Credo. Heureux les croyants dans ces jours de souffrances : l’âme s’élève au-dessus de toutes misères et s’unit à Dieu. Communion.

 
Journal du 29 janvier au 18 février 1917 - Retour au front...

Mardi 13 février 1917

Nous relevons demain la 2e Compagnie, en soutien de première ligne. Le secteur reste calme. L’ennemi s’est aperçu des travaux de nuit que la Compagnie effectuait en première ligne : dans la nuit de dimanche à lundi, il a tiré des rafales sur le boyau en construction. Mais c’était jour de repos : le chantier était vide.

La nuit passée, calme.

Mercredi 14 février 1917

La section est dans les caves de la Ferme d’Armancourt, ainsi que la 2e. Les autres sont réparties dans les tranchées de soutien et aux Carrières.

Notre tâche consiste à approfondir la tranchée de Gironde, en troisième ligne ; elle doit être la ligne de départ de la Compagnie lors de l’attaque. Un peloton va au travail pendant que l’autre se repose.

Notre Dame de l'Epine (1917), L'Epine (Marne), eau forte de Jean Branche (© Bertrand Channac)

Notre Dame de l'Epine (1917), L'Epine (Marne), eau forte de Jean Branche (© Bertrand Channac)

Jeudi 15 février 1917

Nouvelle répartition du travail, ma section seule s’occupe de la tranchée de la Gironde.

Le dégel vient insensiblement : gare lorsqu’il battra son plein.

Dimanche 18 février 1917

Messe aux Carrières, dans le P.C. du Capitaine. J’ai pu communier. Repos… Je suis enchanté de ma nouvelle demi-section, peut-être encore meilleure que celle que je viens de quitter.

1Zone d'action confiée à une grande unité

2Armancourt est une commune de l'Oise

3Marquivillers est une commune de la Somme

Rédigé par Frédéric B.

Publié dans #Journal

Commenter cet article