Journal du 20 février au 13 mars 1917 - Bombardements meurtriers

Publié le 13 Mars 2017

Mardi 20 février 1917 (mardi gras)

De la boue, de la pluie : les boyaux1 sont infects, ils s’éboulent. Nous passons notre temps à relever la terre et chaque jour il faut refaire le travail de la veille.

Mercredi 21 février 1917

Anniversaire du début de la bataille de Verdun. Nous étions à Arches, l’an passé. Boue, pluie, cafard. Nous nous reposons l’après-midi pour aller travailler cette nuit.

Jeudi 22 février 1917

Brouillard épais toute la matinée ; nous en avons profité pour exécuter le travail que nous devions faire de nuit.

Dimanche 25 février 1917

Messe dans la cagnat2 du Capitaine.

 

 
Journal du 20 février au 13 mars 1917 - Bombardements meurtriers

Mercredi 28 février 1917

Depuis quelques jours, les Boches marmitent le secteur du Bataillon. La Ferme d’Armancourt reçoit sa part ; il faut prendre des précautions pour circuler et se presser, parfois.


Mars 1917

Vendredi 2 mars 1917

Le Bataillon relève ce soir. La Compagnie remplace la 5e, Compagnie de droite du Régiment, en liaison avec le 30e. Hier, à la suite du Lieutenant Pradier, nous avons fait la reconnaissance du secteur et pris les consignes. Nous relevons la section de Fonteil.

Départ de la Ferme d’Armancourt à treize heures quinze… Boyautage3… Nous sommes en place à quinze heures…. Le secteur est calme.

Samedi 3 mars 1917

La nuit a été des plus tranquilles. La répartition des forces est assez intéressante. Un poilu (Charry) se blesse avec un détonateur de grenade.

Dimanche 4 mars 1917

De part et d’autre, réglages d’artillerie.

Lundi 5 mars 1917

Le secteur est somme toute bien calme, en première ligne du moins, car l’ennemi semble marmiter assez abondamment les batteries à l’arrière. Obus à gaz sur Marquivillers et les Carrières d’Armancourt.

Depuis plusieurs jours, le bruit court que le 30e avec qui la section est en liaison, doit faite un raid sur les tranchées ennemies (ouvrage de Krosigk), en face de son secteur.

Tranchée et bombardement : Agence Rol (BNF)

Tranchée et bombardement : Agence Rol (BNF)

Samedi 10 mars 1917

Hier, dure journée : celle du raid annoncé : une Compagnie, la 6e du 30e, attaque, renforcée de quelques éléments.

Notre bombardement commence à une heure trente sur le front du 30e et en face de nous : tous calibres et crapouillauds. La section s’est abritée dans la sape. Seuls demeurent dehors les deux guetteurs, l’un en tête du boyau Flamand, l’autre à l’entrée du boyau Galliéni. Le Lieutenant, c’est son premier bombardement, se promène de l’une à l’autre enchanté par ce concert… Le pauvre n’a encore rien vu.

Pourtant les Boches se mettent à répondre. Notre coin est assez bien repéré… Vers quinze heures environ, je me trouve à l’entrée de la sape, le Lieutenant un peu en dehors ; un poilu (Sussac) se tient dans le boyau, sous le ciel de l’abri. Un obus tombe dans le boyau, vers Galliéni : la sentinelle est blessée (Loubotin), le Lieutenant atteint au bras, Sussac tué raide d’un éclat au front.

Redoublement du bombardement et de la réponse allemande. Je cherche à soutenir le moral des poilus.

Dix-huit heures : le 30e sort… Adjudant saoul… Feux de barrage et de mitrailleuses.

Dix-neuf heures trente : le calme est revenu.

Des renseignements recueillis, il résulte que les résultats ont été heureux, mais peu en proportion avec les pertes.

Dimanche 11 mars 1917

Je suis Chef de Section depuis le départ du Lieutenant. Du travail !… Relève. Nous descendons coucher à Marquivillers.

Lundi 12 mars 1917

Nous sommes relevés par le 8e Zouaves et partons au repos. Coucher à Fignières4 où je retrouve Antoine.

Mardi 13 mars 1917

Contrordre. Nous remontons à Marquivillers reprendre notre place. Départ après la soupe. Marche éreintante. Nous sommes dévorés par la vermine ; depuis quinze jours, nous n’avons pas changé de linge.

 

1Passages étroits faisant communiquer des sections plus importantes

2Abri (terme qui n'est plus utilisé). Orthographe correcte : cagna

3Création d'une tranchée

4Fignières est une commune de la Somme

Rédigé par Frédéric B.

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